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MERCENAIRE DE LA PAIX

Je suis prêt à faire n’importe quoi
Pourvu que je sois nourri et logé
Et qu’on utilise ma tête et mes doigts
Pour la Bonne Cause : Préserver la Paix

Ma patrie s’est perdue dans le lointain
J’aperçois dans le regard des passants
De la crainte mélangée au dédain
Ils pensent tous qu’on ne peut vivre sans
Pourtant ...
Je suis un Mercenaire de la Paix
... De la Paix !

Partout alentour un je-ne-sais-quoi
Tente de m’empêcher d’aller plus loin
Je lutterai avec toute ma foi
Si pour Elle peuvent servir ces mains
(Et mes 2 pieds vont dans l‘ même sens !)

Je suis un déraciné, un gitan
Qui n’aurait rien à perdre que son âme
Mon corps est à louer, mais j’ai fait le serment
De ne vouloir tuer ni homme ni femme
(Mon corps est à louer, mais pas mon âme !)

Je suis un Mercenaire de la Paix
... De la Paix !
Et ne plus voir le sang couler
Selon le mauvais bon vouloir
De quelques malfrats du pouvoir
Désœuvrés, jamais rassasiés


-Félix Goudart-

 

 

 

le site de Fairline

CONTEXTE :

Mercenaire de la Paix

« LES ÉVÉNEMENTS » : Prise de conscience juvénile


Absurde anecdote, tragique (tragiquement anecdotique) :

    Lorsque j'avais un peu moins de sept ans, j'allais à l'école en Tunisie (une semaine le matin, une semaine l'après-midi : grâce au manque d'effectif des professeurs (ou "à cause " ?) ... Ce qui donnait la part belle à une "récréation", à la fois sociable et sportive. Un privilège, assumé de manière très informelle ...

Je n'avais conscience des "événements", comme on disait alors dans les médias, que par des indices troublants : un gros trou dans le volet métallique de l'épicerie, encore fermée ; un couvre-feu plus silencieux que jamais (permettant de discerner à l'oreille les coyotes aux abords de la ville), qui ne changeait rien à mes habitudes quant à l'heure du coucher de toute façon.
Et, si j'avais été un peu plus perspicace, j'aurais pu constater un léger changement dans les fréquentations de mes jeunes parents, une certaine détérioration dans leur tendance festive ...
Et puis il y avait les hélicoptères en forme de banane (avec deux hélices) qui déversaient régulièrement des tracts (des confettis à mes yeux) sur les quartiers. Etc.

(Il faut bien convenir que les troubles étaient moindres, en ces lieux, que ceux provoqués 1/ par la "pacification" sauvage opérée en Algérie sur ordre des Instances métropolitaines dépassées par les événements divers et variés, ici ou là-bas ... 2/ tout autant que par le racket séparatiste belliqueux des antagonistes "indépendantistes". Comme je l'ai appris plus tard.),

Lorsque la situation semblait devenir un peu trop "chaude" aux yeux des adultes, on m'envoyait quelques mois chez ma grand mère en métropole, par exemple ... Alors là, je ne rencontrais pas que des des sportifs ou des poètes (c'est comme ça que l'on qualifie mes semblables, parait-il, que j'aurais aimé trouver juste unanimement "normaux", dans mon dépaysement), à l'école ...

De retour "au pays", en fin d'après midi, quand plus personne n'avait classe, nous allions très souvent sur les terrasses, nombreuses de par l'architecture locale. Pour jouer entre gamin(e)s à des jeux de gamin(e)s, (d'origines assez diverses, avec éventuellement des natifs d'horizons étrangers, même si la plupart du temps, compte tenu de notre timidité infantile, ou de notre obéissance envers les parents, nous étions amenés à nous rencontrer plus facilement dans la rue, près du port, ou sur des terrains vagues ... L'accès aux terrasses était le plus souvent tributaire du passage par le foyer de quelqu'un, ce qui est dissuadant ... Mais pas toujours : on connaissait tous les passages dans ce labyrinthe !)

C'est ainsi qu'un jour comme les autres, mais rétrospectivement funeste , on m'a appris que l'un de mes petits copains ne viendrait pas ; parce que, dixit, il était "mort" (!)

Je savais ce que c'était de "mourir" : on avait eu un lapin, dans sa caisse, qui avait fini comme ça ... Mais pour un enfant, je ne savais même pas que c'était possible. (Pour le lapin, je n'avais pas senti une grande détresse, du côté de la cuisine ... Cela semblait même naturel !)

Ce petit français avait été "descendu" sur le terrasse, (habituellement on y "montait" plutôt), par un parachutiste français arrivé d'on ne sait plus quelle garnison, de l'autre côté de la mer, et qui avait pris peur en voyant quelque chose bouger sur les toits.
C'était un jeune "appelé", qui n'avait jamais mis les pieds par ici, et qui était littéralement paniqué au bout de son parachute. Et armé.

 

    Depuis ce jour, je voue une farouche aversion envers tous ceux qui obligent les épiceries à fermer, qui nous forcent à écouter les coyotes au lieu de la musique ; ou qui veulent persécuter à la récré ceux-là qui "viennent d'ailleurs" ; et tous ceux qui fabriquent ou utilisent des armes !

-Félix Goudart-

 

 


(paroles et musique © 1998 Crypt Ed.)